Le patrimoine immobilier des collectivités territoriales représente une part significative du parc bâti national. Sa gestion constitue un enjeu stratégique dans le contexte de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique.
Les collectivités sont aujourd’hui confrontées à des obligations réglementaires de plus en plus exigeantes, telles que :
- le décret tertiaire, qui impose une réduction progressive de la consommation énergétique des bâtiments à usage tertiaire de plus de 1 000 m²,
- ou encore le décret BACS (Building Automation & Control Systems), qui vise à généraliser l’automatisation et le contrôle des systèmes techniques des bâtiments.
Face à ces contraintes, une question centrale se pose : comment améliorer la performance énergétique du parc existant tout en maîtrisant les coûts ?
Parmi les solutions émergentes, l’hybridation des systèmes énergétiques se distingue comme une approche efficace. Elle consiste à combiner différentes sources d’énergie – par exemple, une chaudière gaz à très haute performance énergétique avec une pompe à chaleur électrique – pilotées par des systèmes intelligents. Cette configuration permet d’optimiser les consommations, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et de s’adapter aux besoins réels des bâtiments.
Des retours d’expérience montrent que ces systèmes hybrides peuvent générer des économies significatives, tant sur le plan financier qu’environnemental, tout en améliorant le confort des usagers. Leur déploiement dans les logements collectifs ou les bâtiments publics illustre leur pertinence dans une stratégie de décarbonation progressive du patrimoine immobilier.
Zoom sur la chaufferie hybride de Trets : une solution concrète pour décarboner le logement collectif
Située au cœur de la résidence Veyrier à Trets (Bouches-du-Rhône), cette chaufferie alimente 49 logements locatifs sociaux avec une approche énergétique innovante et durable.
Une technologie hybride performante
Le système associe :
- Chaudières gaz THPE (Très Haute Performance Énergétique)
- Pompes à chaleur électriques
- Un système de régulation intelligent
Cette combinaison permet d’optimiser en temps réel la source d’énergie utilisée selon les besoins et les conditions extérieures, garantissant ainsi :
- Une réduction des émissions de gaz à effet de serre
- Des économies d’énergie de 40 à 60 % par rapport à une PAC (Pompe à chaleur) électrique seule
- Une meilleure maîtrise des coûts d’exploitation
Cette solution valide la pertinence de l’utilisation de ces systèmes hybrides au sein des logements collectifs, permettant une meilleure performance énergétique et favorisant la décarbonation de ces bâtiments.
Témoignage de Pascale Verne, Présidente d’honneur de l’AITF Provence (Association des Ingénieur.e.s et Ingénieur.e.s en chef Territoriaux de France)
Pouvez-vous nous donner une idée de l’importance du patrimoine immobilier des Collectivités Territoriales en France ?
Pascale Verne : Le patrimoine des Collectivités Territoriales et de leurs Etablissements locaux s’évalue à une proportion qui se situe entre 15 et 20% du patrimoine immobilier français. Sa superficie (évaluée à 245 millions de m² en 2018 par la Cour des Comptes) est répartie entre le bloc communal (61,7%), les Départements (20,6%) et Régions (16,9%).
Quels sont les principaux enjeux liés à la gestion de ce patrimoine ?
PV : Les bonnes administration et gestion de ce patrimoine immobilier sont un enjeu crucial et les défis à relever sont nombreux : adaptation aux nouvelles normes environnementales, intégration des avancées technologiques et optimisation des ressources financières, via des approches stratégiques et innovantes.
La durabilité semble être au cœur de ces préoccupations. Comment cela se traduit il concrètement ?
PV : L’intégration de la durabilité et de l’efficacité énergétique est une priorité, non seulement pour réduire les coûts à long terme, mais aussi pour inclure l’installation de systèmes écoénergétiques, l’utilisation de matériaux durables dans la construction et la rénovation, et l’adoption de pratiques de gestion verte. Ces initiatives ne peuvent se limiter à la réduction de l’empreinte carbone, elles visent à créer des espaces de vie et de travail plus sains et plus agréables Des exemples réussis de modernisation incluent l’intégration de technologies et énergies vertes dans tous les types de constructions.
Vous avez récemment organisé une journée thématique avec le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale) et GRDF dans les Bouches-du-Rhône. Quel était l’objectif de cet événement ?
PV : Cette journée thématique, qui a réuni plus de 90 agents territoriaux de différentes collectivités locales, visait à sensibiliser et à informer les participants sur les enjeux liés à la gestion du patrimoine immobilier public. Elle a été ponctuée de nombreuses interventions très instructives ainsi que par la visite d’une chaufferie hybride, qui ont suscité une adhésion unanime.