MaPrimeRénov’ : la simplification, mère de toutes les batailles

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En 2024, le dispositif MaPrimeRénov’ a été revu en profondeur afin de favoriser la rénovation d’ampleur. Une énième illustration de l’instabilité règlementaire autour de ce dispositif et des aides à la rénovation énergétique, alors que la décarbonation des logements est un défi majeur pour la transition énergétique.

Vouloir favoriser les rénovations globales, jugées plus efficaces en matière de rénovation énergétique, au moment où il faut redoubler d’effort pour aller plus vite et plus fort dans la décarbonation des logements est évidemment une démarche louable. Toutefois, dans la réalité, celles-ci sont forcément plus difficiles à mettre en œuvre en raison de l’ampleur des travaux à réaliser et le coût financier occasionné.

Un paramètre qui a visiblement été négligé avec un objectif affiché de 200 000 rénovations globales dès 2024. Résultat des courses, la machine s’est grippée provoquant une chute vertigineuse du nombre de demandes au premier trimestre.

Une réforme hors sol ?

Depuis sa création, en 2020, la simplification de MaPrimeRénov’ est un sujet récurrent.

Pour les clients, une demande d’aide peut se transformer en cauchemar administratif avec trop de papiers à remplir, trop de justificatifs à fournir et des délais de traitement trop longs, qui retardent le paiement de la prime. Cette aide financière est aussi souvent associée à la fraude. Les milliards d’euros versés par les pouvoirs publics ont en effet suscité l’intérêt d’acteurs peu scrupuleux. Des pure players se sont même développés pour faire prospérer ce business juteux. Par conséquent, une certaine méfiance, voire une défiance, des particuliers s’est installée.

Et pour les professionnels ? Dans un contexte compliqué, le marché de la rénovation énergétique apparait plus que jamais comme un levier de business. Pourtant, beaucoup s’en sont détournés ces dernières années. En cause, à nouveau, la complexité et les délais de traitement mais aussi l’instabilité du dispositif qui connait des évolutions trop fréquentes.… En clair, les artisans font des travaux et doivent attendre (longtemps) pour se faire payer.

Un rétropédalage express pour sauver les meubles

Pour éviter le crash, le gouvernement a rapidement fait machine arrière. De nouvelles règles plus souples ont été instaurées jusqu’à la fin de l’année, notamment avec la réintroduction du monogeste (une action de rénovation). Les points bloquants ont sauté ou ont été sérieusement assouplis comme le recours obligatoire au DPE ou le geste chauffage obligatoire.

Reste à de savoir si ces mesures seront suffisantes pour faire repartir la machine. C’est pourtant une nécessité alors qu’il faut clairement passer à la vitesse supérieure afin de permettre à tous les Français de vivre dans des logements sobres et décents sur le plan énergétique.

L’an prochain, le dispositif connaitra encore une réforme avec de nouvelles dispositions pour encourager les rénovations globales. Espérons que le futur dispositif sera plus simple mais aussi plus pérenne. Et comme l’exemple doit venir d’en haut, il faudrait peut-être aussi en finir avec la valse des ministres du logement alors que le pays connait une crise du logement inédite.