L’ADEME et GRDF explorent le potentiel du BioGNC dans la navigation fluviale et maritime côtière

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Une péniche sur la Seine

La nouvelle étude menée par l’ADEME et GRDF pose le BioGNC – le gaz naturel comprimé d'origine renouvelable – comme une solution efficace et concrète pour décarboner le transport fluvial et maritime côtier. On y fait le point sur les aspects environnementaux, économiques, techniques et réglementaires liés à l’utilisation du biométhane comme carburant tout en considérant les perspectives de déploiement et les principaux enjeux pour faciliter son développement dans ces secteurs.

Un choix durable : moins de gaz à effet de serre et un air plus sain

Le BioGNC, un gaz renouvelable produit localement à partir de la méthanisation de déchets organiques, permet de remplacer avantageusement les combustibles fossiles classiques dans la navigation.

Selon l’étude, il pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 80 à 85 % pour une embarcation fluviale ou un navire côtier comparé au gazole non routier (GNR), carburant encore largement utilisé aujourd’hui. Cette réduction significative des émissions place le BioGNC parmi les solutions de décarbonation crédibles pour le transport fluvial et maritime côtier, contribuant ainsi à l'effort national et européen de transition énergétique.

Par ailleurs, le passage au carburant gaz s’accompagne aussi d’une importante baisse des émissions de particules fines, contribuant à une nette amélioration de la qualité de l’air dans les zones concernées.

Coûts et infrastructures : des investissements nécessaires

La bascule vers une propulsion décarbonée demande des investissements conséquents.

Les coûts de conversion d’une unité fluviale ou maritime vers une motorisation 100% BioGNC varient entre 545 000 € et 1 065 000 €, en fonction du type d’unité. Ces coûts pourraient toutefois être réduits de 60 % en mutualisant les frais d’étude liés à la marinisation (voir encadré) et à l’homologation des moteurs GNV (gaz naturel pour véhicules) utilisés dans les transports routiers.

Outre la question des coûts, l’étude met en lumière un défi technique majeur : la densité énergétique du BioGNC, trois à cinq fois inférieure à celle du gazole non routier (GNR). Cette limitation entraîne la nécessité de repenser les schémas d’avitaillement des navires pour s’adapter en temps et en quantité de BioGNC chargé. Des solutions innovantes émergent, telles que la recharge lente durant la nuit ou le transfert de conteneurs de gaz pour un avitaillement de grande quantité de biogaz en temps masqué.

marinisation : ce terme désigne la modification d'un moteur destiné à être installé à bord d’un bateau de navigation intérieure afin qu’il soit conforme aux exigences règlementaires en vigueur.

Perspectives de déploiement : un potentiel bien réel

Selon les projections de l’étude, d’ici 2050, entre 12 % et 40 % de la flotte d’automoteurs et de pousseurs pourrait être convertie à cette technologie. Il convient de noter que les volumes de biométhane estimés pour ces secteurs n’entreront pas en concurrence avec d’autres usages du biométhane, représentant moins de 0,2 % du potentiel total de production de biométhane d’ici 2050.

Enjeux et recommandations : pour une adoption plus large

Le développement du BioGNC dans la navigation fluviale et maritime côtière rencontre plusieurs obstacles qui doivent être surmontés pour permettre son adoption. Parmi les principaux enjeux identifiés figurent la faible connaissance de cette solution par les acteurs du secteur, la perte d’autonomie des unités navigantes due à la densité énergétique inférieure du BioGNC ainsi que la disponibilité limitée des moteurs marinisés compatibles.

Pour répondre à ces défis, l’étude recommande une évolution du cadre réglementaire et un renforcement des dispositifs d’aides publiques, essentiels pour soutenir le développement de la filière. La diffusion d’informations et une meilleure communication sur les avantages du BioGNC doivent également être encouragées pour sensibiliser les professionnels.

Enfin, la mise en place d’infrastructures d’avitaillement adaptées et flexibles est cruciale pour pallier la perte d’autonomie des unités navigantes.

Si les défis auxquels le BioGNC reste confronté sont réels, ils demeurent limités au regard du potentiel que représente cette alternative aux combustibles fossiles pour la navigation fluviale et maritime côtière. Face à l’urgence qu’il y a désormais à accélérer notre transition énergétique, toute initiative permettant de relever ces défis doit être soutenue.

Consultez l'étude ici.