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Le coût du gaz renouvelable est actuellement deux fois plus élevé que celui du gaz fossile. Mais comme le premier est amené à monter en puissance dans les 25 prochaines années, le distributeur GRDF réfléchit à des solutions pour limiter l'impact sur la facture des abonnés.
Éliminer les énergies fossiles de notre consommation d'ici 2050 ne signifie pas pour autant que le gaz va disparaître. Il va se verdir progressivement grâce à la montée en puissance des gaz renouvelables comme le biogaz et d'autres technologies à venir. Le problème, c'est que le gaz vert coûte en moyenne entre 100 et 120 euros le mégawattheure aujourd'hui en France contre environ 45 euros le mégawattheure pour le gaz fossile . Et que les investissements réseau vont s'élever entre 6 et 10 milliards d'euros d'ici 2050.
Dans ces conditions, comment réussir la transition verte sans que les prix explosent pour les industriels et les simples consommateurs ? Le distributeur de gaz GRDF a sa petite idée là-dessus. Et il entend bien faire entendre sa voix, au moment même où le Projet de Loi de Finances 2025 s'apprête de nouveau à être discuté, et où la TVA sur les chaudières pourrait être rehaussée à 20%.
Renouveler le parc de chaudières pour consommer moins
Pour limiter la hausse des factures de ses clients, GRDF est confiant dans sa capacité à réaliser des gains de performance de 3% par an en se réorganisant ou en modernisant ses installations.
“ Aujourd'hui les charges de réseau augmentent au même rythme que l'inflation. Nous pensons pouvoir passer sous le niveau de l'inflation à partir de 2027 » , indique Jérôme Chambin, directeur marketing, communication et relations filières de GRDF.
Le distributeur de gaz assure aussi que le renouvellement du parc de chaudières avec des équipements dernière génération permettrait de réduire la consommation des abonnés, avec des économies à la clef. Le passage à une chaudière Très Haute Performance Energétique (THPE) aurait ainsi l'avantage de faire baisser de 24% la facture en 2030, par exemple. Enfin, GRDF table aussi sur une baisse du coût des gaz renouvelables « Contrairement à la Hollande ou l'Allemagne, la France a fait le choix d'une méthanisation à la ferme avec des installations de petite taille . Nous allons vers des installations plus industrielles dans les années à venir, ce qui fera baisser leur coût », prévoit encore Jérôme Chambin.
Garder un nombre d'abonnés stable
Si la tendance est à une baisse de la consommation de gaz de 3% chaque année en France, le nombre d'abonnés de GRDF reste relativement stable. Et il serait important de le conserver pour le distributeur. « On entend parfois qu'il faudrait éliminer certains usages pour réduire plus vite nos émissions de gaz à effet de serre. Ce serait une erreur », s'insurge Alexis Masse, directeur de la stratégie de GRDF, rappelant le projet du gouvernement, en 2023, d'interdire l'installation de nouvelles chaudières à gaz. « Nous avons besoin de maintenir un socle d'environ 10 millions de clients d'ici 2030, sinon nous aurons du mal à maintenir le réseau en état de fonctionnement et les prix exploseront ».
Car il reste tout un pan d'abonnés, plutôt modestes, n'ayant pas le choix de se passer du gaz. Si le nombre de clients venait à trop diminuer, ce seraient eux qui supporteraient la hausse des coûts. Certains industriels n'ont, par exemple, pas d'autres alternatives. Le gaz couvre en effet encore 40% des besoins en chaleur de notre pays et demeure le mode de chauffage majoritaire dans le logement social. Il est aussi privilégié dans le Nord, l'Est et les zones montagneuses où les températures peuvent être rigoureuses en hiver, ainsi que dans Paris où prédomine l'habitat collectif.